Plus de 10 ans après son film Poupoupidou, Gérald Hustache-Mathieu revient dans la petite ville de Mouthe avec Polar Park, où il développe en une mini-série pour Arte l’univers de ce second long-métrage.
De Poupoupidou à Polar Park
Lorsqu’on commence à regarder Polar Park, on pense immédiatement au film du même réalisateur, Poupoupidou : Mouthe, les mêmes acteurs (Jean-Paul Rouve, Guillaume Gouix…), quasiment dans les mêmes rôles… Alors, pour y voir plus clair, on reprend les choses dans l’ordre.
Gérald Hustache-Mathieu réalise son second film, Poupoupidou, en 2010. Il se déroule à Mouthe où le brigadier Leloup (Guillaume Gouix) aidé de l’écrivain de polar David Rousseau (Jean-Paul Rouve) se retrouvent à enquêter sur le suicide de Candice Lecœur – sosie locale de Marylin Monroe – auquel ils ne croient pas.
Polar Park déploie le même univers, tout en changeant légèrement de scénario. L’auteur s’en explique dans le dossier de presse : « Au départ, j’avais imaginé Poupoupidou comme une série. J’ai toujours aimé les récits feuilletonesques. En plus de créer du désir entre deux épisodes, ils rentrent dans notre salon : on a donc un rapport plus intime avec eux. Mais à l’époque, en France, on n’en faisait pas de ce genre-là. » Aujourd’hui, la série est reine, Gérald Hustache-Mathieu a pu réaliser son projet et le résultat est largement à la hauteur.
L’histoire
David Rousseau (Jean-Paul Rouve), écrivain de polars improbables (tels Apocalypse plus tard, La Vierge au parasol ou Orange balsamique), se rend à Mouthe où le frère Giacomo a promis de lui révéler un secret sur sa mère. Malheureusement pour lui, à son arrivée au monastère, les moines sont en train d’enterrer le frère Giacomo – le secret sera donc plus compliqué à trouver. Au même moment, des enfants tombent sur une oreille coupée au Polar Park (un parc naturel et animalier), oreille qui se trouve être celle d’un cadavre retrouvé le soir même dans une maison du village, dans une scène de crime imitant un autoportrait de Van Gogh. Entre sa quête personnelle (le secret des moines) et cette scène de crime atypique, il n’en faut pas plus à l’écrivain pour rester au village, au grand désespoir de l’adjudant Louvetot (Guillaume Gouix), un pur cartésien, qui n’a pas besoin des hypothèses farfelues d’un civil pour « aider à l’enquête ».
Un casting aux petits oignons
Jean-Paul Rouve peut tout jouer, mais c’est vraiment dans ce genre de rôle, qu’on le préfère (sans oublier dans l’adaptation de la BD de Fabcaro, Zaï zaï zaï zaï de François Desagnat).
Depuis Les Revenants, la série créée par Fabrice Gobert, nous suivons attentivement le parcours de Guillaume Gouix : de Chez nous de Lucas Belvaux, à Gaspard va au mariage d’Antony Cordier ou le superbe Les Confins du monde de Guillaume Nicloux, par exemple.
Nous sommes fans d’Olivier Rabourdin, auteur caméléon s’il en est. Jugez donc depuis le mois de septembre, nous avons pu le voir en riche industriel dans L’Été dernier de Catherine Breillat, en détective privé largué dans L’Autre Laurens de Claude Schmitz (que nous vous conseillons vivement). Ici, sa première scène en moine attendant son colis est jubilatoire.
India Hair est vraiment excellente, on pense à elle dans En même temps de Benoit Delépine et Gustave Kervern ou dans un registre complètement différent, Annie Colère de Blandine Lenoir. Là, elle montre toute l’étendue de son talent – nous n’en dirons pas plus pour ne rien dévoiler.
Les seconds rôles ne sont pas en reste, que ce soit la brigade de Mouthe ou le personnel de la bibliothèque.
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L’adaptation
Il arrive parfois que le casting d’une série soit excellent et le résultat pas à la hauteur. Là, il n’en est rien car Gérald Hustache-Mathieu a su développer l’univers de son film en six épisodes d’une cinquantaine de minutes sans que la série ne souffre de longueur. L’image de Pierre Cottereau est excellente (surtout dans les scènes de nuit et sur les scènes de crime). La musique originale de Stéphane Lopez est un parfait complément et la série réussit l’habile pari de jouer sur les deux registres, polar et humour léger. Les répliques fusent entre David Rousseau et l’adjudant Louvetot, Guillaume Gouix et Jean-Paul Rouve s’en donnent à cœur joie. Le tout est truffé de rappels et de clins d’œil au film, donnant une furieuse envie de le revoir dès le sixième épisode terminé.
On espère ne pas attendre dix ans avant d’avoir des nouvelles de Gérald Hustache-Mathieu…