Total Labrador de Jean-Hugues Oppel

Total Labrador - Jean-Hugues Oppel

L‘année 2017 marquait le grand retour de Jean-Hugues Oppel au polar, après quelques années d’absence (triste vie pour nous, lecteurs). Deux ans plus tard, l’auteur semble avoir repris son rythme de croisière et il revient, toujours aussi en forme, avec Total Labrador, à La Manufacture de livres.

Des questions, nous en avons toujours eu à poser à Jean-Hugues Oppel. De préférence bien attablés à boire et à manger, mais l’éloignement géographique ne nous le permet que rarement. C’est pourquoi nous avons opté pour le mail et les « 5 raisons de », commentées par l’auteur.

Pour la première fois, Jean-Hugues Oppel fait revenir un personnage d’un de ses romans précédents . Ce n’est pas son habitude, prompt à changer de personnages, d’univers et de préoccupations. Là, on retrouve Lucy Chan, analyste à la CIA, de 19 500 dollars la tonne (mais point besoin d’avoir lu le précédent). On reste dans le droit chemin de ce roman avec une narration éclatée entre différents protagonistes, plusieurs lieux d’action et des petits billets, radiophoniques cette fois-ci, qui viennent entrecouper le roman. C’est toujours aussi maitrisé, pourquoi bouderions-nous notre plaisir ?

 

De Rivages à La Manufacture de livres

Les années Série Noire, puis les années Rivages, et maintenant le futur à La Manufacture (pour l’euphonie, et plus si affinités) : une trilogie… pour l’auteur de Chaton – normal, non ?! Je ne peux pas parler pour mes collègues de catalogue (mais ce n’est sans doute pas par hasard qu’un certain reflux nous a emportés et ramenés ensemble sur une nouvelle plage…) ; disons qu’avec la fin d’une époque boulevard Saint-Germain, j’ai tourné une troisième page, pour écrire un nouveau chapitre. Avec Pierre Fourniaud comme éditeur, c’est différent et semblable tout à la fois. Respect du texte et de l’auteur dans la couleur qui nous est chère pour le semblable, amour immodéré des mauvais garçons tatoués pour le différent !

Lire aussi : Migration éditoriale : La Manufacture de livres comme nouveau territoire

De l’étain au cobalt

Fausse bonne idée : la Bourse et les spéculateurs vont plus vite que moi. Le temps de penser au coltan que les cours s’effondrent au profit de l’étain. L’étain fait le yo-yo et l’avenir devait s’écrire au cobalt, mais, très vite, avec les péripéties du réel, cela voulait dire faire un 19500$ bis parce que la mécanique horrifico-économique est la même, géographiquement aussi, et je me voyais mal re-balader l’officier Chan à travers les chausse-trapes des mines et des intrigues congolaises ; j’avais déjà fait ; je déteste me répéter parce que je m’ennuie à le faire, et comme je voulais que Lucy revienne…

Jean-Hugues Oppel

De Lucy Chan à… Lucy Chan

… parce qu’elle devait revenir, l’analyste Chan, c’était une évidence pour moi – mais du diable si je sais pourquoi ! Elle n’avait pas tout dit ? Tout vu ? Sans doute… Ou alors je me suis attaché… La confronter au dilemme de la cause à défendre et des moyens à employer pour ce faire était une autre évidence, et il me restait des pages de capitalisme sauvage à distiller – encore des newsletters? J’ai choisi les billets d’humeur potache à la radio internet pour changer ; quelques clins d’œil à l’opus précédent, avec forcément une escale africaine pour rester dans le ton, et une traque obstinée d’une autre nature ; – plutôt qu’une suite, Total Labrador est une continuité… Tant que l’Agence me tolère et le président Trump me fournit de la copie, je continue donc !

De places en places


Vu certains paysages africains, on peut même parler de diptyque nègre – au sens artistique de l’adjectif, pour le plaisir du bon mot. Spoiler alert : on pourra peut-être bientôt parler de triptyque… Une manière de clore un cycle ; une vraie trilogie en trois parties séparées, cette fois, quand j’aurai fait le tour de ce genre de construction ? Cela pourrait dépendre des caprices de l’actualité qui, bonne fille, ne devrait pas me décevoir !

De genres en genres


Sans basse flatterie, j’aime bien la formule de mon éditeur qui me disait dans son courriel d’acceptation (enthousiaste !) du manuscrit que je “revisite le thriller dans un style drôle mais élégant et fin qui, loin de pasticher le genre, lui rend hommage en étant fidèle à ses bons codes” – revisiter, c’est ça ; mais si je vois à peu près où se porteront mes pas prochainement (voir plus haut), l’après se dessine dans un brouillard pour le moment épais ! Sauf si l’actualité, bonne fille…

Quant aux conseils de lecture, j’ai toujours plusieurs trains de retard sur le présent des offices littéraires, mais on trouve toujours intérêt à lire Romain Slocombe et Marin Ledun… et les racontars du Groenland de Jørn Riel !

Pour aller plus loin

Jean-Hugues Oppel chez son éditeur actuel, La Manufacture de livres
Et chez ses anciens éditeurs, Rivages et la Série Noire
L’auteur nous rappelait son parcours chez Rivages dans une interview de 2016: Rivages – 30 ans – Jean-Hugues Oppel

Total Labrador de Jean-Hugues Oppel - Milieu Hostile

Total Labrador de Jean-Hugues Oppel

Total Labrador - Jean-Hugues Oppel

L‘année 2017 marquait le grand retour de Jean-Hugues Oppel au polar, après quelques années d’absence (triste vie pour nous, lecteurs). Deux ans plus tard, l’auteur semble avoir repris son rythme de croisière et il revient, toujours aussi en forme, avec Total Labrador, à La Manufacture de livres.

Des questions, nous en avons toujours eu à poser à Jean-Hugues Oppel. De préférence bien attablés à boire et à manger, mais l’éloignement géographique ne nous le permet que rarement. C’est pourquoi nous avons opté pour le mail et les « 5 raisons de », commentées par l’auteur.

Pour la première fois, Jean-Hugues Oppel fait revenir un personnage d’un de ses romans précédents . Ce n’est pas son habitude, prompt à changer de personnages, d’univers et de préoccupations. Là, on retrouve Lucy Chan, analyste à la CIA, de 19 500 dollars la tonne (mais point besoin d’avoir lu le précédent). On reste dans le droit chemin de ce roman avec une narration éclatée entre différents protagonistes, plusieurs lieux d’action et des petits billets, radiophoniques cette fois-ci, qui viennent entrecouper le roman. C’est toujours aussi maitrisé, pourquoi bouderions-nous notre plaisir ?

 

De Rivages à La Manufacture de livres

Les années Série Noire, puis les années Rivages, et maintenant le futur à La Manufacture (pour l’euphonie, et plus si affinités) : une trilogie… pour l’auteur de Chaton – normal, non ?! Je ne peux pas parler pour mes collègues de catalogue (mais ce n’est sans doute pas par hasard qu’un certain reflux nous a emportés et ramenés ensemble sur une nouvelle plage…) ; disons qu’avec la fin d’une époque boulevard Saint-Germain, j’ai tourné une troisième page, pour écrire un nouveau chapitre. Avec Pierre Fourniaud comme éditeur, c’est différent et semblable tout à la fois. Respect du texte et de l’auteur dans la couleur qui nous est chère pour le semblable, amour immodéré des mauvais garçons tatoués pour le différent !

Lire aussi : Migration éditoriale : La Manufacture de livres comme nouveau territoire

De l’étain au cobalt

Fausse bonne idée : la Bourse et les spéculateurs vont plus vite que moi. Le temps de penser au coltan que les cours s’effondrent au profit de l’étain. L’étain fait le yo-yo et l’avenir devait s’écrire au cobalt, mais, très vite, avec les péripéties du réel, cela voulait dire faire un 19500$ bis parce que la mécanique horrifico-économique est la même, géographiquement aussi, et je me voyais mal re-balader l’officier Chan à travers les chausse-trapes des mines et des intrigues congolaises ; j’avais déjà fait ; je déteste me répéter parce que je m’ennuie à le faire, et comme je voulais que Lucy revienne…

Jean-Hugues Oppel

De Lucy Chan à… Lucy Chan

… parce qu’elle devait revenir, l’analyste Chan, c’était une évidence pour moi – mais du diable si je sais pourquoi ! Elle n’avait pas tout dit ? Tout vu ? Sans doute… Ou alors je me suis attaché… La confronter au dilemme de la cause à défendre et des moyens à employer pour ce faire était une autre évidence, et il me restait des pages de capitalisme sauvage à distiller – encore des newsletters? J’ai choisi les billets d’humeur potache à la radio internet pour changer ; quelques clins d’œil à l’opus précédent, avec forcément une escale africaine pour rester dans le ton, et une traque obstinée d’une autre nature ; – plutôt qu’une suite, Total Labrador est une continuité… Tant que l’Agence me tolère et le président Trump me fournit de la copie, je continue donc !

De places en places


Vu certains paysages africains, on peut même parler de diptyque nègre – au sens artistique de l’adjectif, pour le plaisir du bon mot. Spoiler alert : on pourra peut-être bientôt parler de triptyque… Une manière de clore un cycle ; une vraie trilogie en trois parties séparées, cette fois, quand j’aurai fait le tour de ce genre de construction ? Cela pourrait dépendre des caprices de l’actualité qui, bonne fille, ne devrait pas me décevoir !

De genres en genres


Sans basse flatterie, j’aime bien la formule de mon éditeur qui me disait dans son courriel d’acceptation (enthousiaste !) du manuscrit que je “revisite le thriller dans un style drôle mais élégant et fin qui, loin de pasticher le genre, lui rend hommage en étant fidèle à ses bons codes” – revisiter, c’est ça ; mais si je vois à peu près où se porteront mes pas prochainement (voir plus haut), l’après se dessine dans un brouillard pour le moment épais ! Sauf si l’actualité, bonne fille…

Quant aux conseils de lecture, j’ai toujours plusieurs trains de retard sur le présent des offices littéraires, mais on trouve toujours intérêt à lire Romain Slocombe et Marin Ledun… et les racontars du Groenland de Jørn Riel !

Pour aller plus loin

Jean-Hugues Oppel chez son éditeur actuel, La Manufacture de livres
Et chez ses anciens éditeurs, Rivages et la Série Noire
L’auteur nous rappelait son parcours chez Rivages dans une interview de 2016: Rivages – 30 ans – Jean-Hugues Oppel