Santiago Gamboa, un formidable auteur

Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Nécropolis 1209 - Colombian Psycho - Milieu Hostile

La sortie de Colombian Psycho chez Métailié est pour nous l’occasion de revenir brièvement sur la carrière éclectique de Santiao Gamboa, qui illumine nos lectures depuis plus de 20 ans.

En 1999, Métailié traduisait Perdre est une question de méthode. C’était le premier polar de Santiago Gamboa et nous étions déjà persuadé de tout le talent de l’auteur. Ce n’était qu’un galop d’essai. Nous l’avons suivi toute sa carrière, avons exploré différents genres littéraires avec lui, de plus en plus estomaqués par son style, sa maitrise, son sens de la narration, sa façon de jouer avec l’auto-fiction et de donner corps et voix à de multiples personnages.

Son dernier roman paru, Colombian Psycho, est un roman total, qui concentre tout ce qu’il a pu écrire en 25 ans, une somme en quelque sorte, dans laquelle, comme il l’écrit, « il cherche à comprendre autrement la vie et probablement aussi ce sombre pays ».

Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Colombian Psycho - Nécropolis 1209 - Perdre est une question de méthode

La vie de Santiago Gamboa, éternel voyageur, est, en elle-même, déjà un roman. Nous ne tenterons pas d’en parler ou de la résumer, mais allez faire un tour sur le net et vous pourrez en voir toute l’étendue et la variété. En suivant les parutions françaises, revenons sur son œuvre, tout aussi protéiforme que les différentes étapes de sa vie.

Perdre est une question de méthode (1999)

Roman noir désenchanté, dont le titre est tiré d’une phrase de Luis Sepúlveda, Perdre est une question de méthode marque la naissance du genre en Colombie. L’auteur nous confiait : « Tout ce roman est une réponse à Paco Ignacio Taibo II, en 1993, il m’a dit « c’est bizarre, il n’y a pas de roman noir en Colombie », ce qui m’a étonné. Il m’a dit qu’il avait cherché parmi l’internationale des écrivains de polar et n’avait pas trouvé, alors j’ai répondu « Laisse-moi deux ou trois ans et je vais te le faire »  Paco fait beaucoup pour le roman noir en Amérique Latine. »Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Colombian Psycho - Nécropolis 1209 - Perdre est une question de méthode
On y découvre Bogotá et les éternelles magouilles des hommes au pouvoir. Un polar classique, qui s’ouvre néanmoins sur une scène forte avec un corps retrouvé crucifié après avoir été empalé. C’est le second roman de l’auteur, mais allez savoir pourquoi, Páginas de vuelta, qui date de 1995, n’a jamais été traduit en français. L’auteur nous disait à son sujet : « C’est un roman atypique. C’était un premier roman très ambitieux avec beaucoup d’histoires et plusieurs personnages, qui se passait à Bogotá. J’ai eu la chance de fréquenter Garcia Marquez qui, en lisant ce livre, m’a dit voir le jeune écrivain qui veut tout mettre dans son premier roman « Il brûle toute son essence dans les 10 premiers kilomètres »… Mais il fallait que je fasse ce premier livre, car ensuite on continue, on trouve sa voie, on trouve des éléments de l’univers esthétique, les scènes qu’on préfère (dialogue ou description, vitesse de la narration…). »

Les Captifs du Lys blanc (2002)

Ce roman met en scène quatre hommes d’horizons et de pays différents qui vont se retrouver à Pékin, mêlés à une affaire qui prend ses ramifications dans l’histoire du pays avec, au milieu de ces personnages, le célèbre manuscrit fondateur de la société secrète du Lys blanc, qui ne demande qu’à renaître avec ce texte sacré. C’est un livre à l’allant et au mordant excellents dont Santiago Gamboa nous avait confié la genèse : « Je voulais faire un roman sur un écrivain frustré, en échec – ce que j’ai moi-même été pendant plusieurs années et que j’ai aussi connu à Paris. Je pense qu’on peut faire une vie complète dans la littérature sans publier de livre, c’est très courant, il suffit de voir le nombre de manuscrits qu’il y a dans les maisons d’édition. J’avais aussi dans la tête l’idée d’un roman dans la tradition anglo-saxonne, ces romans à suspense, romans d’espionnage. Ajoutez un regard ironique sur ces idées et vous avez Les Captifs du Lys blanc ».

Esteban le héros (2003)

Avec Esteban le héros, Santiago Gamboa entame une série de romans que nous pourrions qualifier d’autobiographiquee romancée. Du vrai, du faux, sans savoir où se trouve véritablement la limite. Santiago Gamboa expliquait : « Ce n’est pas une autobiographie de l’auteur, mais il y a beaucoup de choses de ma vie, car pour inventer, on se sert de la matière, c’est ma vie qui est l’autobiographie d’Esteban. Pour écrire son autobiographie, on doit être convaincu que sa vie intéresse les autres, ce qui n’est pas mon cas, la meilleure chose que je puisse faire avec elle, c’est un roman. »

Le Syndrome d’Ulysse (2007)

C’est le second tome des aventures d’Esteban et il vous faudra attendre la page 357 pour savoir précisément ce qu’est le syndrome d’Ulysse. Mais d’ici là, vous n’aurez pas vu le temps passer tant le roman est enjoué et passionnant, fort et truculent. Dans ce tourbillon de personnages, vous suivrez le parcours poignant de Jung dont la fin de l’histoire vous arrachera des larmes.

Le Siège de Bogotá (2009)

Le Siège de Bogotá prouve le talent de nouvelliste de Santiago Gamboa. Une première nouvelle bien noire, Bogotá, l’armée, les paramilitaires, et l’autre d’un registre beaucoup plus léger, à l’image de son titre : Histoire tragique de l’homme qui tombait amoureux dans les aéroports. À l’origine, cette nouvelle était un petit titre gratuit de Métailié, mais vite épuisé, il a été réédité à ce moment-là, et pour le plus grand bonheur des aficionados de l’auteur. Pour la petite info, la phrase du narrateur « La vérité, c’est que j’aimais les aéroports, comme j’aimais les hôtels, les valises et les bureaux de change » pourrait être celle de Gamboa qui nourrit, entre autres, une passion pour les aéroports et les maisons d’écrivains, mais arrêtons là les anecdotes.

Nécropolis 1209 (2010)

Ce roman marque une étape dans la carrière de l’auteur. S’il avait dans Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Nécropolis 1209 - Colombian Psycho - Milieu Hostiledifférents titres, commencé à enchâsser les personnages aux différentes voix, là c’est un tour de force de construction. L’auteur vous plonge dans un maelström de vies esquissées « avec un luxe de détails et pas mal de surprises », comme le dit si bien l’une des protagonistes. En jouant sur différents registres de langue, en travaillant magnifiquement son style (la confession de José Maturana est un véritable bijou),  il vous captive et vous tournez les pages frénétiquement pour savoir ce qui va arriver aux personnages. Le tout est – c’est une marque de fabrique de l’auteur – parsemé de références littéraires qui vous donnent envie de lire tous les livres cités.

Prières nocturnes (2014)

Un nouveau cap est, à nos yeux, franchi tant Santiago Gamboa, sans encore se nommer, se met en scène, toujours de façon romancée.
« – L’écrivain ?
– Je n’ai pas lu vos livres, mais je vais vous dire quelque chose : ça ne va pas être un roman noir. Vous allez être étonné. Ce sera plutôt un roman d’amour. Je vous expliquerai pourquoi. »
Amour, donc, noir toujours, Bangkok en plus, des personnages qui se façonnent au fur et à mesure du roman, Santiago Gamboa mêle à la perfection des éléments biographiques à la fiction pour en tirer un formidable roman.

Retourner dans l’obscure vallée (2017)

Ce roman reprend les personnages du Consul et de Juana découverts dans Prières nocturnes. C’est un roman flamboyant, fougueux, où l’auteur réussit à insérer la vie d’Arthur Rimbaud, parmi tant d’autres personnages tout aussi travaillés et il continue de se mettre en scène, en se dévoilant, sans jamais poser de limite précise « Raconter une vie ? La grande tentation est de la fuir ou d’en inventer une différente. Ou de parler de cet autre perdu qui survit encore en soi ». La Colombie, terre de retour, et autres pays sont explorés, les questionnements sont nombreux, c’est un roman fin et intelligent qui rend parfaitement compte de la réalité du monde où évoluent les personnages.

Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Des hommes en noir - Colombian Psycho - Milieu Hostile

Des hommes en noir (2019)

Des hommes en noir est une belle et noire étude de la Colombie actuelle. Une situation particulièrement complexe où l’on sent que rien n’est définitivement écrit et un pays ravagé, entre autres, par une énorme pauvreté. L’auteur nous éclaire sur le poids pris par les églises évangéliques qui s’engouffrent dans la misère des gens, c’est effarant (Colin Niel nous avait également parlé de ce phénomène en Guyane). Le propos est dur, grave, mais l’auteur réussit, comme toujours à nous embarquer avec ses différents protagonistes. Et nous n’avons pas encore souligné sa propension à construire de formidables personnages féminins…

À lire aussi : Interview avec Colin Niel – La Guyane, mais pas que…

Une maison à Bogotá (2022)

Un pur texte Gamboa, si l’on peut dire. Un professeur de philologie, une maison et sa bibliothèque, Bogotá et la Colombie, le passé, des récits, la littérature…

Colombian Psycho (2023)

À nos yeux, ce roman est un concentré de tout ce que l’auteur a pu faire Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Colombian Psycho - Milieu Hostilejusqu’à présent. Il s’y met une nouvelle fois en scène, mais en se nommant cette fois, sans pour autant avoir le beau rôle – et nous n’en dirons pas plus pour ne rien dévoiler. Le roman est une mise en abîme d’un autre de ses romans, la situation colombienne est toujours aussi noire, mais la verve de l’auteur en attenue la noirceur. L’intrigue est redoutable, les personnages aussi et force est de constater qu’après cette tentative d’épuisement de l’œuvre de Gamboa, les superlatifs nous manquent pour ne pas nous répéter. Donc arrêtons-nous là, vous l’avez compris, Santiago Gamboa est un formidable conteur, alors plongez-vous dans l’intégralité de son œuvre.

Tous ses titres sont traduits chez Métailié par Anne-Marie Meunier, Claude Bleton et François Gaudry – un grand merci à eux pour nous avoir permis de lire en français la plume vivifiante de Santiago Gamboa.

Pour aller plus loin

Consulter la bibliographie de Santiago Gamboa aux éditions Métailié

 

Santiago Gamboa, un formidable auteur - Milieu Hostile

Santiago Gamboa, un formidable auteur

Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Nécropolis 1209 - Colombian Psycho - Milieu Hostile

La sortie de Colombian Psycho chez Métailié est pour nous l’occasion de revenir brièvement sur la carrière éclectique de Santiao Gamboa, qui illumine nos lectures depuis plus de 20 ans.

En 1999, Métailié traduisait Perdre est une question de méthode. C’était le premier polar de Santiago Gamboa et nous étions déjà persuadé de tout le talent de l’auteur. Ce n’était qu’un galop d’essai. Nous l’avons suivi toute sa carrière, avons exploré différents genres littéraires avec lui, de plus en plus estomaqués par son style, sa maitrise, son sens de la narration, sa façon de jouer avec l’auto-fiction et de donner corps et voix à de multiples personnages.

Son dernier roman paru, Colombian Psycho, est un roman total, qui concentre tout ce qu’il a pu écrire en 25 ans, une somme en quelque sorte, dans laquelle, comme il l’écrit, « il cherche à comprendre autrement la vie et probablement aussi ce sombre pays ».

Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Colombian Psycho - Nécropolis 1209 - Perdre est une question de méthode

La vie de Santiago Gamboa, éternel voyageur, est, en elle-même, déjà un roman. Nous ne tenterons pas d’en parler ou de la résumer, mais allez faire un tour sur le net et vous pourrez en voir toute l’étendue et la variété. En suivant les parutions françaises, revenons sur son œuvre, tout aussi protéiforme que les différentes étapes de sa vie.

Perdre est une question de méthode (1999)

Roman noir désenchanté, dont le titre est tiré d’une phrase de Luis Sepúlveda, Perdre est une question de méthode marque la naissance du genre en Colombie. L’auteur nous confiait : « Tout ce roman est une réponse à Paco Ignacio Taibo II, en 1993, il m’a dit « c’est bizarre, il n’y a pas de roman noir en Colombie », ce qui m’a étonné. Il m’a dit qu’il avait cherché parmi l’internationale des écrivains de polar et n’avait pas trouvé, alors j’ai répondu « Laisse-moi deux ou trois ans et je vais te le faire »  Paco fait beaucoup pour le roman noir en Amérique Latine. »Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Colombian Psycho - Nécropolis 1209 - Perdre est une question de méthode
On y découvre Bogotá et les éternelles magouilles des hommes au pouvoir. Un polar classique, qui s’ouvre néanmoins sur une scène forte avec un corps retrouvé crucifié après avoir été empalé. C’est le second roman de l’auteur, mais allez savoir pourquoi, Páginas de vuelta, qui date de 1995, n’a jamais été traduit en français. L’auteur nous disait à son sujet : « C’est un roman atypique. C’était un premier roman très ambitieux avec beaucoup d’histoires et plusieurs personnages, qui se passait à Bogotá. J’ai eu la chance de fréquenter Garcia Marquez qui, en lisant ce livre, m’a dit voir le jeune écrivain qui veut tout mettre dans son premier roman « Il brûle toute son essence dans les 10 premiers kilomètres »… Mais il fallait que je fasse ce premier livre, car ensuite on continue, on trouve sa voie, on trouve des éléments de l’univers esthétique, les scènes qu’on préfère (dialogue ou description, vitesse de la narration…). »

Les Captifs du Lys blanc (2002)

Ce roman met en scène quatre hommes d’horizons et de pays différents qui vont se retrouver à Pékin, mêlés à une affaire qui prend ses ramifications dans l’histoire du pays avec, au milieu de ces personnages, le célèbre manuscrit fondateur de la société secrète du Lys blanc, qui ne demande qu’à renaître avec ce texte sacré. C’est un livre à l’allant et au mordant excellents dont Santiago Gamboa nous avait confié la genèse : « Je voulais faire un roman sur un écrivain frustré, en échec – ce que j’ai moi-même été pendant plusieurs années et que j’ai aussi connu à Paris. Je pense qu’on peut faire une vie complète dans la littérature sans publier de livre, c’est très courant, il suffit de voir le nombre de manuscrits qu’il y a dans les maisons d’édition. J’avais aussi dans la tête l’idée d’un roman dans la tradition anglo-saxonne, ces romans à suspense, romans d’espionnage. Ajoutez un regard ironique sur ces idées et vous avez Les Captifs du Lys blanc ».

Esteban le héros (2003)

Avec Esteban le héros, Santiago Gamboa entame une série de romans que nous pourrions qualifier d’autobiographiquee romancée. Du vrai, du faux, sans savoir où se trouve véritablement la limite. Santiago Gamboa expliquait : « Ce n’est pas une autobiographie de l’auteur, mais il y a beaucoup de choses de ma vie, car pour inventer, on se sert de la matière, c’est ma vie qui est l’autobiographie d’Esteban. Pour écrire son autobiographie, on doit être convaincu que sa vie intéresse les autres, ce qui n’est pas mon cas, la meilleure chose que je puisse faire avec elle, c’est un roman. »

Le Syndrome d’Ulysse (2007)

C’est le second tome des aventures d’Esteban et il vous faudra attendre la page 357 pour savoir précisément ce qu’est le syndrome d’Ulysse. Mais d’ici là, vous n’aurez pas vu le temps passer tant le roman est enjoué et passionnant, fort et truculent. Dans ce tourbillon de personnages, vous suivrez le parcours poignant de Jung dont la fin de l’histoire vous arrachera des larmes.

Le Siège de Bogotá (2009)

Le Siège de Bogotá prouve le talent de nouvelliste de Santiago Gamboa. Une première nouvelle bien noire, Bogotá, l’armée, les paramilitaires, et l’autre d’un registre beaucoup plus léger, à l’image de son titre : Histoire tragique de l’homme qui tombait amoureux dans les aéroports. À l’origine, cette nouvelle était un petit titre gratuit de Métailié, mais vite épuisé, il a été réédité à ce moment-là, et pour le plus grand bonheur des aficionados de l’auteur. Pour la petite info, la phrase du narrateur « La vérité, c’est que j’aimais les aéroports, comme j’aimais les hôtels, les valises et les bureaux de change » pourrait être celle de Gamboa qui nourrit, entre autres, une passion pour les aéroports et les maisons d’écrivains, mais arrêtons là les anecdotes.

Nécropolis 1209 (2010)

Ce roman marque une étape dans la carrière de l’auteur. S’il avait dans Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Nécropolis 1209 - Colombian Psycho - Milieu Hostiledifférents titres, commencé à enchâsser les personnages aux différentes voix, là c’est un tour de force de construction. L’auteur vous plonge dans un maelström de vies esquissées « avec un luxe de détails et pas mal de surprises », comme le dit si bien l’une des protagonistes. En jouant sur différents registres de langue, en travaillant magnifiquement son style (la confession de José Maturana est un véritable bijou),  il vous captive et vous tournez les pages frénétiquement pour savoir ce qui va arriver aux personnages. Le tout est – c’est une marque de fabrique de l’auteur – parsemé de références littéraires qui vous donnent envie de lire tous les livres cités.

Prières nocturnes (2014)

Un nouveau cap est, à nos yeux, franchi tant Santiago Gamboa, sans encore se nommer, se met en scène, toujours de façon romancée.
« – L’écrivain ?
– Je n’ai pas lu vos livres, mais je vais vous dire quelque chose : ça ne va pas être un roman noir. Vous allez être étonné. Ce sera plutôt un roman d’amour. Je vous expliquerai pourquoi. »
Amour, donc, noir toujours, Bangkok en plus, des personnages qui se façonnent au fur et à mesure du roman, Santiago Gamboa mêle à la perfection des éléments biographiques à la fiction pour en tirer un formidable roman.

Retourner dans l’obscure vallée (2017)

Ce roman reprend les personnages du Consul et de Juana découverts dans Prières nocturnes. C’est un roman flamboyant, fougueux, où l’auteur réussit à insérer la vie d’Arthur Rimbaud, parmi tant d’autres personnages tout aussi travaillés et il continue de se mettre en scène, en se dévoilant, sans jamais poser de limite précise « Raconter une vie ? La grande tentation est de la fuir ou d’en inventer une différente. Ou de parler de cet autre perdu qui survit encore en soi ». La Colombie, terre de retour, et autres pays sont explorés, les questionnements sont nombreux, c’est un roman fin et intelligent qui rend parfaitement compte de la réalité du monde où évoluent les personnages.

Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Des hommes en noir - Colombian Psycho - Milieu Hostile

Des hommes en noir (2019)

Des hommes en noir est une belle et noire étude de la Colombie actuelle. Une situation particulièrement complexe où l’on sent que rien n’est définitivement écrit et un pays ravagé, entre autres, par une énorme pauvreté. L’auteur nous éclaire sur le poids pris par les églises évangéliques qui s’engouffrent dans la misère des gens, c’est effarant (Colin Niel nous avait également parlé de ce phénomène en Guyane). Le propos est dur, grave, mais l’auteur réussit, comme toujours à nous embarquer avec ses différents protagonistes. Et nous n’avons pas encore souligné sa propension à construire de formidables personnages féminins…

À lire aussi : Interview avec Colin Niel – La Guyane, mais pas que…

Une maison à Bogotá (2022)

Un pur texte Gamboa, si l’on peut dire. Un professeur de philologie, une maison et sa bibliothèque, Bogotá et la Colombie, le passé, des récits, la littérature…

Colombian Psycho (2023)

À nos yeux, ce roman est un concentré de tout ce que l’auteur a pu faire Santiago Gamboa - éditions Métailié - auteur Colombie - Colombian Psycho - Milieu Hostilejusqu’à présent. Il s’y met une nouvelle fois en scène, mais en se nommant cette fois, sans pour autant avoir le beau rôle – et nous n’en dirons pas plus pour ne rien dévoiler. Le roman est une mise en abîme d’un autre de ses romans, la situation colombienne est toujours aussi noire, mais la verve de l’auteur en attenue la noirceur. L’intrigue est redoutable, les personnages aussi et force est de constater qu’après cette tentative d’épuisement de l’œuvre de Gamboa, les superlatifs nous manquent pour ne pas nous répéter. Donc arrêtons-nous là, vous l’avez compris, Santiago Gamboa est un formidable conteur, alors plongez-vous dans l’intégralité de son œuvre.

Tous ses titres sont traduits chez Métailié par Anne-Marie Meunier, Claude Bleton et François Gaudry – un grand merci à eux pour nous avoir permis de lire en français la plume vivifiante de Santiago Gamboa.

Pour aller plus loin

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