Interview avec Jean-Paul Chaumeil

Jean-Paul Chaumeil nous avait épatés avec Ground Zero, son premier roman. Il confirme tout le bien que nous pensions de lui avec Parfois c’est le diable qui vous sauve de l’enfer, roman qui nous a donné envie de lui poser quelques questions….

Jean-Paul, est-ce vrai que le second roman est le plus difficile ?
Oui, car le premier était un jeu pour moi : aller jusqu’au bout en écrivant un polar ; sorte d’hommage à mes nombreuses lectures. Le second représente un enjeu : suis-je capable de raconter une autre histoire !

Comme le premier, ce livre commence le 11 septembre 2001 (encore particulièrement bien décrit), c’était une volonté pour vous de lier les deux romans autour de cette date ?
Non, mais cette date s’est de nouveau “imposée” à moi, car elle marque l’entrée dans un XXIe siècle qu’on ne voyait pas comme cela. Cependant, mon histoire se déroule en 2016. Ce qui s’est passé le 11 septembre a modifié notre rapport au monde. Bien-sûr, il a toujours besoin d’être changé, plus que jamais.

Jean-Paul Chaumeil

L’histoire se déroule en partie dans le quartier de Mériadeck à Bordeaux. C’est un excellent décor pour poser son intrigue, qu’est-ce qui vous y a poussé ?
L’une des raisons est que chaque fois que j’y passe, je m’y perds ! D’autre part, cette ville de Bordeaux a déjà été parcourue dans tous les sens par d’autres auteurs. Par exemple, quelqu’un comme Hervé Le Corre. Et je ne souhaitais pas reprendre les mêmes chemins. C’est devenu aussi une ville très touristique et je voulais écrire contre, ou plus exactement, faire un ou deux pas de côté. Le plus important est que je suis attiré, esthétiquement, par les grands ensembles,
les immeubles, les parkings à voitures hors sol, les friches urbaines, les autoroutes… Mériadeck est un ensemble immobilier, situé en pleine ville, sur une dalle, non accessible aux voitures. Par moment, je lui trouve une allure new-yorkaise.

Vue de Mériadeck ©Jean-Paul Chaumeil

On y voit un Bordeaux pendant les manifestations Nuit debout – c’était très calme à Bordeaux, as usual –, à une époque où “l’on faisait le serment de ne plus jamais voter PS”… Vous y étiez ?
Le “serment plus jamais voter PS”, à ma connaissance, a eu lieu à Paris. Par contre, j’étais dans la manif que les autorités locales ont cru malin de “nasser” sous le tunnel de Mériadeck. Une provoc d’enfer, que les manifestants ont déjouée.

D’un autre côté, il y a les mouvements de droite extrême et le danger qu’ils représentent pour la République comme le soulignent différents protagonistes… Comment avez-vous abordé tout ça ?
Je l’ai abordé par…la face cachée. Car, à l’époque, le terrorisme n’avait qu’une seule face. Et puis, j’ai lu dans la presse le rapport du chef du renseignement intérieur qui signalait l’existence de ce danger supplémentaire. Après l’horreur de Charlie et celle du Bataclan, il y avait donc des types qui rêvaient de faire pareil ! C’est le point de départ.

Boris, Manuel, le commissaire… tous vos personnages sont particulièrement denses, comment les construisez-vous ?
Je voulais qu’ils ne soient pas innocents par rapport à la violence, à la souffrance, à la difficulté de vivre. Qu’ils connaissent ces tourments de l’intérieur, d’une manière ou d’une autre. Pas fascinés par eux, mais prisonniers. Avec, peut-être, l’amour, comme ultime tentative pour s’en évader. Un roman noir d’amour, en quelque sorte !

Mériadeck ©Jean-Paul Chaumeil

La bande-son de votre premier polar était plutôt rock, celle-ci, très abondante, est carrément éclectique. Quel rapport entretenez-vous avec la musique ? Et pourquoi parsemer votre roman de références musicales ?
J’ai de bons rapports avec la musique ; mais je ne me balade pas avec un baladeur sur les oreilles. Je n’ai pas d’appartenance à un courant. J’écoute, j’évolue…J’ai quand même un faible pour les musiques amplifiées, davantage que pour les chanteurs rive gauche. Et pourquoi dans mes romans ? Ah, c’est une bonne question et je te remercie de l’avoir posée, heu…Disons, pour se souvenir qu’à chaque instant, l’émotion, le trouble, générés par la musique, signalent que le monde mérite d’être sauvé.

Ce roman vient juste de sortir, mais où en êtes-vous du prochain ?
Au début, peut-être une sorte de suite, mais je n’ai pas encore choisi les musiques !

Parfois c’est le diable qui vous sauve de l’enfer a reçu le Prix Meilleur espoir polar Transfuge 2018.

Pour aller plus loin

Jean-Paul Chaumeil chez son éditeur, Le Rouergue.

Interview avec Jean-Paul Chaumeil - Milieu Hostile

Interview avec Jean-Paul Chaumeil

Jean-Paul Chaumeil nous avait épatés avec Ground Zero, son premier roman. Il confirme tout le bien que nous pensions de lui avec Parfois c’est le diable qui vous sauve de l’enfer, roman qui nous a donné envie de lui poser quelques questions….

Jean-Paul, est-ce vrai que le second roman est le plus difficile ?
Oui, car le premier était un jeu pour moi : aller jusqu’au bout en écrivant un polar ; sorte d’hommage à mes nombreuses lectures. Le second représente un enjeu : suis-je capable de raconter une autre histoire !

Comme le premier, ce livre commence le 11 septembre 2001 (encore particulièrement bien décrit), c’était une volonté pour vous de lier les deux romans autour de cette date ?
Non, mais cette date s’est de nouveau “imposée” à moi, car elle marque l’entrée dans un XXIe siècle qu’on ne voyait pas comme cela. Cependant, mon histoire se déroule en 2016. Ce qui s’est passé le 11 septembre a modifié notre rapport au monde. Bien-sûr, il a toujours besoin d’être changé, plus que jamais.

Jean-Paul Chaumeil

L’histoire se déroule en partie dans le quartier de Mériadeck à Bordeaux. C’est un excellent décor pour poser son intrigue, qu’est-ce qui vous y a poussé ?
L’une des raisons est que chaque fois que j’y passe, je m’y perds ! D’autre part, cette ville de Bordeaux a déjà été parcourue dans tous les sens par d’autres auteurs. Par exemple, quelqu’un comme Hervé Le Corre. Et je ne souhaitais pas reprendre les mêmes chemins. C’est devenu aussi une ville très touristique et je voulais écrire contre, ou plus exactement, faire un ou deux pas de côté. Le plus important est que je suis attiré, esthétiquement, par les grands ensembles,
les immeubles, les parkings à voitures hors sol, les friches urbaines, les autoroutes… Mériadeck est un ensemble immobilier, situé en pleine ville, sur une dalle, non accessible aux voitures. Par moment, je lui trouve une allure new-yorkaise.

Vue de Mériadeck ©Jean-Paul Chaumeil

On y voit un Bordeaux pendant les manifestations Nuit debout – c’était très calme à Bordeaux, as usual –, à une époque où “l’on faisait le serment de ne plus jamais voter PS”… Vous y étiez ?
Le “serment plus jamais voter PS”, à ma connaissance, a eu lieu à Paris. Par contre, j’étais dans la manif que les autorités locales ont cru malin de “nasser” sous le tunnel de Mériadeck. Une provoc d’enfer, que les manifestants ont déjouée.

D’un autre côté, il y a les mouvements de droite extrême et le danger qu’ils représentent pour la République comme le soulignent différents protagonistes… Comment avez-vous abordé tout ça ?
Je l’ai abordé par…la face cachée. Car, à l’époque, le terrorisme n’avait qu’une seule face. Et puis, j’ai lu dans la presse le rapport du chef du renseignement intérieur qui signalait l’existence de ce danger supplémentaire. Après l’horreur de Charlie et celle du Bataclan, il y avait donc des types qui rêvaient de faire pareil ! C’est le point de départ.

Boris, Manuel, le commissaire… tous vos personnages sont particulièrement denses, comment les construisez-vous ?
Je voulais qu’ils ne soient pas innocents par rapport à la violence, à la souffrance, à la difficulté de vivre. Qu’ils connaissent ces tourments de l’intérieur, d’une manière ou d’une autre. Pas fascinés par eux, mais prisonniers. Avec, peut-être, l’amour, comme ultime tentative pour s’en évader. Un roman noir d’amour, en quelque sorte !

Mériadeck ©Jean-Paul Chaumeil

La bande-son de votre premier polar était plutôt rock, celle-ci, très abondante, est carrément éclectique. Quel rapport entretenez-vous avec la musique ? Et pourquoi parsemer votre roman de références musicales ?
J’ai de bons rapports avec la musique ; mais je ne me balade pas avec un baladeur sur les oreilles. Je n’ai pas d’appartenance à un courant. J’écoute, j’évolue…J’ai quand même un faible pour les musiques amplifiées, davantage que pour les chanteurs rive gauche. Et pourquoi dans mes romans ? Ah, c’est une bonne question et je te remercie de l’avoir posée, heu…Disons, pour se souvenir qu’à chaque instant, l’émotion, le trouble, générés par la musique, signalent que le monde mérite d’être sauvé.

Ce roman vient juste de sortir, mais où en êtes-vous du prochain ?
Au début, peut-être une sorte de suite, mais je n’ai pas encore choisi les musiques !

Parfois c’est le diable qui vous sauve de l’enfer a reçu le Prix Meilleur espoir polar Transfuge 2018.

Pour aller plus loin

Jean-Paul Chaumeil chez son éditeur, Le Rouergue.