Interview avec Frédéric Paulin : le terrorisme en triptyque

Frédéric Paulin - Prémices de la chute, La guerre est une ruse - Agullo - Milieu hostile

Nous avions été frappés par La guerre est une ruse de Frédéric Paulin, paru en 2018 chez Agullo. Prémices de la chute, second volet du triptyque sortant ces mois-ci, Mohamed Benabed s’est entretenu avec l’auteur.

Des guerres

Je n’ai pas eu l’occasion de lire les titres qui ont été publié aux Éditions Goater, mais la guerre semble une constante dans vos romans : guerre des Balkans, guerre d’Algérie, guerre ethnique au Rwanda, guerre civile en Algérie. Est-ce la guerre dans ce qu’elle dit de nous ou la guerre comme objet de fiction ?
La guerre, comme elle est menée par les gouvernements, comme elle est racontée par les historiens ensuite, en dit beaucoup sur l’état démocratique d’un pays. Et sur ce que ses citoyens acceptent de croire ou de ne pas croire. En ce qui concerne la France (et je crois que la guerre d’Algérie et la décennie noire des années 1990 touchent à l’histoire de France), la guerre est toujours un moment glorieux, une œuvre pacificatrice. Après la Seconde Guerre mondiale, on a dit que les Français étaient résistants dans leur grande majorité, Jean Moulin était la figure emblématique du refus des Français de se laisser occuper. C’était le discours officiel. Après la guerre d’Algérie en 1962, les exactions et les tortures de l’armée ont été passées sous silence – à tel point que l’on parla longtemps d’opérations de maintien de l’ordre, des « événements ».

Frédéric Paulin - Prémices de la chute - La guerre est une ruse - Agullo - Milieu hostile

Une guerre qui ne dit pas son nom, c’est la pire des guerres. Albert Camus disait que « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde ». C’est ce qui est arrivé dans les années 90 en Algérie. On a parlé de décennie noire, de sale guerre. Les Algériens appellent souvent cette période « la guerre faite au peuple ». Et la France est partie prenante dans cette tragédie. Le soutien inconditionné aux généraux au pouvoir a conduit à ce que le chaos perdure là-bas et à ce qu’il traverse la Méditerranée ensuite.
Et puis, la guerre est un objet romanesque qui permet de construire des héros ou des salopards, des personnages qui transcendent leur normalité. Dans mes romans, les héros sont d’ailleurs plus des antihéros, victimes des circonstances. Cependant, leur rôle est de témoigner de la violence et de l’absurdité des hommes qui font la guerre.

Aujourd’hui l’Algérie est pas mal dans l’actualité et il me semble significatif de regarder l’actualité via le prisme de votre livre. Est-ce que l’histoire se répète ?
Je ne suis pas certain que l’histoire se répète. Karl Marx disait que les grands événements historiques se répètent deux fois, la première sous forme de tragédie, la seconde sous forme de farce. Je ne vois pas où est la farce en Algérie, je ne vois que de la tragédie. Dire que l’histoire se répète reviendrait à se saisir de modèles déjà expérimentés pour expliquer une réalité dont la lecture s’avère complexe. Je n’y crois pas. Bien sûr, les hommes ne tirent pas d’enseignement de leurs erreurs, bien sûr vingt années après la Première Guerre mondiale, ils sont capables de se lancer dans le conflit le plus meurtrier de l’histoire, bien sûr après la décennie noire en Algérie, on peut craindre une nouvelle catastrophe aujourd’hui. Tout est possible. Mais ce dont je suis certain, c’est que l’on ne peut comprendre le présent sans se référer au passé. Ce qui se passe en Algérie en ce moment doit être lu à travers le prisme de la guerre d’indépendance et des décennies qui ont suivies, la décennie noire en particulier.

La guerre est un objet romanesque qui permet de construire des héros ou des salopards, des personnages qui transcendent leur normalité.

Est-ce que nous nous trouvons dans une continuité qui a commencé avec l’annulation des élections par les Janvieristes en 1992 ?
Difficile à affirmer. Mais la prise de pouvoir des militaires lors de l’annulation du processus électoral en 1992 a permis à une clique de s’installer durablement à la tête de l’Algérie et d’en tirer des gratifications pas seulement symboliques, mais des bénéfices matériels qu’il est difficile d’abandonner vingt-cinq ans plus tard. Une habitude du pouvoir a été prise : ne plus rendre compte au peuple et diriger un pays par le clientélisme et par la force. On peut espérer que le peuple algérien refuse désormais cet état de fait.

Un terrorisme mondialisé

Il est évidemment question de terrorisme dans le roman. Pensez-vous que la guerre civile algérienne soit le début du terrorisme comme nous le connaissons aujourd’hui ? Une version mondialisée ?
C’est en tout cas la première fois qu’un jeune homme, Khaled Kelkal, né en France (Khaled Kelkal est né en Algérie mais a émigré en France avec sa famille à l’âge de deux ans, ndlr), à un moment bien intégré, se lance dans une lutte armée au nom de l’Islam sur le sol français. Les décennies qui suivront donneront lieu à des parcours semblables : Mohammed Merah, Chérif et Saïd Kouachi,  Amedy Coulibaly, ou les terroristes du 13 novembre à Paris, d’autres encore. La version mondialisée du terrorisme intervient plus tard, lorsqu’Al-Qaïda se saisit de la « franchise » du djihadisme.

Frédéric Paulin - Prémices de la chute - La guerre est une ruse - Agullo - Milieu hostile

Vous avez manifestement procédé à beaucoup de recherches pour l’écriture de vos romans. Comment avez-vous procédé ? Et à quel moment êtes-vous entré dans la fiction ?
Je me documente toujours beaucoup avant de passer à la phase de rédaction. C’est une manière de « blinder » ce que je raconte de la grande Histoire. Une façon aussi de ne pas tomber dans un révisionnisme historique. C’est à ce moment que l’histoire et les personnages fictifs m’apparaissent. Mais je ne dispose pas de sources au sein des services de renseignement ou même de la police. Je lis des essais, des romans, je regarde des documentaires aussi, je me constitue un corpus sur lequel je me base pour construire mon histoire, le roman. Se documenter, vérifier les faits, c’est aussi éviter de blesser plus encore les victimes ou les rescapés de cette période qui n’est pas si lointaine.

J’ai été intrigué par la structure du chapitre par année, comme s’il s’agissait d’un compte à rebours à l’envers ? Est-ce que c’était le cas et où cela nous mène ?
C’est en effet une forme de compte à rebours qui mène vers « l’explosion ». On peut raconter la fin de La guerre est une ruse et de Prémices de la chute sans spoiler l’intrigue de mes romans. On sait que dans le premier on se dirige vers l’attentat du RER B à la station Saint-Michel en 1995, comme on sait que dans le deuxième, ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui mettront un terme au roman. Ce qui est important c’est comment on y arrive. Ce qui est important, pour citer Jean-Patrick Manchette, c’est de comprendre comment on en est arrivés là. Je suis romancier, je me garderais donc bien de formuler quelques prédictions. Je sens évidemment que la perte de son territoire par Daesh ne signifie pas la fin du terrorisme et de la violence. Mais au-delà, je suis bien incapable de dire où cela nous mènera.

Lire aussi : 5 raisons de : Agullo Éditions

Un triptyque

Parlez-moi un peu de Tedj ? Comment ce personnage est arrivé dans votre imaginaire ?
Tedj, c’est celui qui entraîne le lecteur dans les méandres d’une histoire compliquée à comprendre. Ses aventures, son passé, ses amours permettent, d’une certaine manière, d’accepter la violence, la terreur et l’indicible. Personne ne supporterait la liste détaillée des exactions qui ont été commises par les islamistes ou les militaires lors de la décennie noire, en Algérie. Au même titre que dans Prémices de la chute, personne ne supporterait la description des attentats du 11 septembre 2001 de manière clinique. Le roman et les personnages fictifs permettent une plongée dans l’absurdité, bien réelle celle-là.
Tedj Benlazar est aussi la métaphore de cette période terrible : il est Algérien par son père, Français par sa mère. La guerre civile a eu lieu principalement en Algérie mais les gouvernements français sont responsables d’avoir fermé les yeux, et sans doute d’avoir entretenu la violence. Benlazar tente d’avertir ses chefs de ce qu’il comprend de la manipulation des maquis du GIA par les militaires algériens. Il tente ainsi de racheter la faute des Français. Mais lui-même est aux prises avec des tourments personnels qui vont l’handicaper dans sa tâche. Je l’aime bien, ce Tedj…

La guerre est une ruse est le premier volet d’une trilogie. Le deuxième, Prémices de la chute vient de paraître. Pourquoi une trilogie ? Avant de commencer saviez-vous que cela prendrait une telle ampleur ?
Je préfère triptyque à trilogie. Chacun des trois romans peut se lire indépendamment des autres – même s’il est préférable de lire les trois pour avoir une idée complète de la période que je décris. Trois romans, c’est parce que lors de ma rencontre avec les éditions Agullo, j’avais déjà une somme très importante de travail sous le coude. Et il n’était pas achevé, loin de là. Le manuscrit que j’ai proposé à mes éditeurs n’aurait pu constituer un seul livre. Trois romans, ça correspond aussi à trois moments de ces trente années : la décennie noire en Algérie, avec le GIA et la figure de Khaled Kelkal ; la fin des années 90 jusqu’au 11 septembre 2001, et la montée en puissance d’une multinationale du terrorisme, Al-Qaïda ; et 2010 à 2015, l’apparition de Daesh et les attentats qui ont ensanglanté la France. Le GIA, Al-Qaïda, puis Daesh sont la mutation du même monstre. Un monstre qui mutera sans doute encore et encore.

Interview réalisée par mail par Mohamed Benabed

Pour aller plus loin

Frédéric Paulin chez Agullo et aux Éditions Goater

Interview avec Frédéric Paulin : le terrorisme en triptyque - Milieu Hostile

Interview avec Frédéric Paulin : le terrorisme en triptyque

Frédéric Paulin - Prémices de la chute, La guerre est une ruse - Agullo - Milieu hostile

Nous avions été frappés par La guerre est une ruse de Frédéric Paulin, paru en 2018 chez Agullo. Prémices de la chute, second volet du triptyque sortant ces mois-ci, Mohamed Benabed s’est entretenu avec l’auteur.

Des guerres

Je n’ai pas eu l’occasion de lire les titres qui ont été publié aux Éditions Goater, mais la guerre semble une constante dans vos romans : guerre des Balkans, guerre d’Algérie, guerre ethnique au Rwanda, guerre civile en Algérie. Est-ce la guerre dans ce qu’elle dit de nous ou la guerre comme objet de fiction ?
La guerre, comme elle est menée par les gouvernements, comme elle est racontée par les historiens ensuite, en dit beaucoup sur l’état démocratique d’un pays. Et sur ce que ses citoyens acceptent de croire ou de ne pas croire. En ce qui concerne la France (et je crois que la guerre d’Algérie et la décennie noire des années 1990 touchent à l’histoire de France), la guerre est toujours un moment glorieux, une œuvre pacificatrice. Après la Seconde Guerre mondiale, on a dit que les Français étaient résistants dans leur grande majorité, Jean Moulin était la figure emblématique du refus des Français de se laisser occuper. C’était le discours officiel. Après la guerre d’Algérie en 1962, les exactions et les tortures de l’armée ont été passées sous silence – à tel point que l’on parla longtemps d’opérations de maintien de l’ordre, des « événements ».

Frédéric Paulin - Prémices de la chute - La guerre est une ruse - Agullo - Milieu hostile

Une guerre qui ne dit pas son nom, c’est la pire des guerres. Albert Camus disait que « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde ». C’est ce qui est arrivé dans les années 90 en Algérie. On a parlé de décennie noire, de sale guerre. Les Algériens appellent souvent cette période « la guerre faite au peuple ». Et la France est partie prenante dans cette tragédie. Le soutien inconditionné aux généraux au pouvoir a conduit à ce que le chaos perdure là-bas et à ce qu’il traverse la Méditerranée ensuite.
Et puis, la guerre est un objet romanesque qui permet de construire des héros ou des salopards, des personnages qui transcendent leur normalité. Dans mes romans, les héros sont d’ailleurs plus des antihéros, victimes des circonstances. Cependant, leur rôle est de témoigner de la violence et de l’absurdité des hommes qui font la guerre.

Aujourd’hui l’Algérie est pas mal dans l’actualité et il me semble significatif de regarder l’actualité via le prisme de votre livre. Est-ce que l’histoire se répète ?
Je ne suis pas certain que l’histoire se répète. Karl Marx disait que les grands événements historiques se répètent deux fois, la première sous forme de tragédie, la seconde sous forme de farce. Je ne vois pas où est la farce en Algérie, je ne vois que de la tragédie. Dire que l’histoire se répète reviendrait à se saisir de modèles déjà expérimentés pour expliquer une réalité dont la lecture s’avère complexe. Je n’y crois pas. Bien sûr, les hommes ne tirent pas d’enseignement de leurs erreurs, bien sûr vingt années après la Première Guerre mondiale, ils sont capables de se lancer dans le conflit le plus meurtrier de l’histoire, bien sûr après la décennie noire en Algérie, on peut craindre une nouvelle catastrophe aujourd’hui. Tout est possible. Mais ce dont je suis certain, c’est que l’on ne peut comprendre le présent sans se référer au passé. Ce qui se passe en Algérie en ce moment doit être lu à travers le prisme de la guerre d’indépendance et des décennies qui ont suivies, la décennie noire en particulier.

La guerre est un objet romanesque qui permet de construire des héros ou des salopards, des personnages qui transcendent leur normalité.

Est-ce que nous nous trouvons dans une continuité qui a commencé avec l’annulation des élections par les Janvieristes en 1992 ?
Difficile à affirmer. Mais la prise de pouvoir des militaires lors de l’annulation du processus électoral en 1992 a permis à une clique de s’installer durablement à la tête de l’Algérie et d’en tirer des gratifications pas seulement symboliques, mais des bénéfices matériels qu’il est difficile d’abandonner vingt-cinq ans plus tard. Une habitude du pouvoir a été prise : ne plus rendre compte au peuple et diriger un pays par le clientélisme et par la force. On peut espérer que le peuple algérien refuse désormais cet état de fait.

Un terrorisme mondialisé

Il est évidemment question de terrorisme dans le roman. Pensez-vous que la guerre civile algérienne soit le début du terrorisme comme nous le connaissons aujourd’hui ? Une version mondialisée ?
C’est en tout cas la première fois qu’un jeune homme, Khaled Kelkal, né en France (Khaled Kelkal est né en Algérie mais a émigré en France avec sa famille à l’âge de deux ans, ndlr), à un moment bien intégré, se lance dans une lutte armée au nom de l’Islam sur le sol français. Les décennies qui suivront donneront lieu à des parcours semblables : Mohammed Merah, Chérif et Saïd Kouachi,  Amedy Coulibaly, ou les terroristes du 13 novembre à Paris, d’autres encore. La version mondialisée du terrorisme intervient plus tard, lorsqu’Al-Qaïda se saisit de la « franchise » du djihadisme.

Frédéric Paulin - Prémices de la chute - La guerre est une ruse - Agullo - Milieu hostile

Vous avez manifestement procédé à beaucoup de recherches pour l’écriture de vos romans. Comment avez-vous procédé ? Et à quel moment êtes-vous entré dans la fiction ?
Je me documente toujours beaucoup avant de passer à la phase de rédaction. C’est une manière de « blinder » ce que je raconte de la grande Histoire. Une façon aussi de ne pas tomber dans un révisionnisme historique. C’est à ce moment que l’histoire et les personnages fictifs m’apparaissent. Mais je ne dispose pas de sources au sein des services de renseignement ou même de la police. Je lis des essais, des romans, je regarde des documentaires aussi, je me constitue un corpus sur lequel je me base pour construire mon histoire, le roman. Se documenter, vérifier les faits, c’est aussi éviter de blesser plus encore les victimes ou les rescapés de cette période qui n’est pas si lointaine.

J’ai été intrigué par la structure du chapitre par année, comme s’il s’agissait d’un compte à rebours à l’envers ? Est-ce que c’était le cas et où cela nous mène ?
C’est en effet une forme de compte à rebours qui mène vers « l’explosion ». On peut raconter la fin de La guerre est une ruse et de Prémices de la chute sans spoiler l’intrigue de mes romans. On sait que dans le premier on se dirige vers l’attentat du RER B à la station Saint-Michel en 1995, comme on sait que dans le deuxième, ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui mettront un terme au roman. Ce qui est important c’est comment on y arrive. Ce qui est important, pour citer Jean-Patrick Manchette, c’est de comprendre comment on en est arrivés là. Je suis romancier, je me garderais donc bien de formuler quelques prédictions. Je sens évidemment que la perte de son territoire par Daesh ne signifie pas la fin du terrorisme et de la violence. Mais au-delà, je suis bien incapable de dire où cela nous mènera.

Lire aussi : 5 raisons de : Agullo Éditions

Un triptyque

Parlez-moi un peu de Tedj ? Comment ce personnage est arrivé dans votre imaginaire ?
Tedj, c’est celui qui entraîne le lecteur dans les méandres d’une histoire compliquée à comprendre. Ses aventures, son passé, ses amours permettent, d’une certaine manière, d’accepter la violence, la terreur et l’indicible. Personne ne supporterait la liste détaillée des exactions qui ont été commises par les islamistes ou les militaires lors de la décennie noire, en Algérie. Au même titre que dans Prémices de la chute, personne ne supporterait la description des attentats du 11 septembre 2001 de manière clinique. Le roman et les personnages fictifs permettent une plongée dans l’absurdité, bien réelle celle-là.
Tedj Benlazar est aussi la métaphore de cette période terrible : il est Algérien par son père, Français par sa mère. La guerre civile a eu lieu principalement en Algérie mais les gouvernements français sont responsables d’avoir fermé les yeux, et sans doute d’avoir entretenu la violence. Benlazar tente d’avertir ses chefs de ce qu’il comprend de la manipulation des maquis du GIA par les militaires algériens. Il tente ainsi de racheter la faute des Français. Mais lui-même est aux prises avec des tourments personnels qui vont l’handicaper dans sa tâche. Je l’aime bien, ce Tedj…

La guerre est une ruse est le premier volet d’une trilogie. Le deuxième, Prémices de la chute vient de paraître. Pourquoi une trilogie ? Avant de commencer saviez-vous que cela prendrait une telle ampleur ?
Je préfère triptyque à trilogie. Chacun des trois romans peut se lire indépendamment des autres – même s’il est préférable de lire les trois pour avoir une idée complète de la période que je décris. Trois romans, c’est parce que lors de ma rencontre avec les éditions Agullo, j’avais déjà une somme très importante de travail sous le coude. Et il n’était pas achevé, loin de là. Le manuscrit que j’ai proposé à mes éditeurs n’aurait pu constituer un seul livre. Trois romans, ça correspond aussi à trois moments de ces trente années : la décennie noire en Algérie, avec le GIA et la figure de Khaled Kelkal ; la fin des années 90 jusqu’au 11 septembre 2001, et la montée en puissance d’une multinationale du terrorisme, Al-Qaïda ; et 2010 à 2015, l’apparition de Daesh et les attentats qui ont ensanglanté la France. Le GIA, Al-Qaïda, puis Daesh sont la mutation du même monstre. Un monstre qui mutera sans doute encore et encore.

Interview réalisée par mail par Mohamed Benabed

Pour aller plus loin

Frédéric Paulin chez Agullo et aux Éditions Goater