Dictionnaire amoureux du polar : l’art du partage

Dictionnaire amoureux du polar - Pierre Lemaitre - Plon - Milieu Hostile

Dans son Dictionnaire amoureux du polar, paru chez Plon en 2020, Pierre Lemaitre partage son amour du genre. Une lecture passionnante et enrichissante.

Malgré son premier roman sorti en 2006, nous n’avons jamais eu la chance de rencontrer Pierre Lemaitre. C’est bien dommage, car à la lecture de son Dictionnaire amoureux du polar, on se dit que nous aurions de quoi échanger un bout de temps.

Des références à foisonDictionnaire amoureux du polar - Pierre Lemaitre - Plon - Milieu Hostile

En introduction, l’auteur pose les choses : « les amateurs de définitions maîtrisées, de monographies exhaustives, d’analyses, d’analyses thématiques, etc. seront déçus. […] Je parlerai donc ici en romancier et en lecteur. Il y aura des oublis impardonnables, des injustices criantes, des jugements contestables… ». C’est clair, c’est net, les choses sont posées, on peut avancer.

C’est un dictionnaire amoureux, on sent que l’auteur aime le polar et on constate qu’il est très fort pour nous faire partager ses goûts. C’est vif, plein d’entrain et jamais pontifiant, comme l’était Une brève histoire du roman noir de Jean-Bernard Pouy, que Pierre Lemaitre a lu, aimé et cité.

La différence essentielle est que ce dictionnaire fait plus de 800 pages, autant dire que c’est dense et que les références sont éclectiques, prouvant que le genre est très diversifié, comme le souligne l’écrivain. On y trouve des présentations d’auteurs, des livres spécifiques, des séries et des thématiques diverses et variées et on mesure l’admiration de Pierre Lemaitre pour ses collègues. Par exemple, à propos de David Peace : « Je considère David Peace comme un des meilleurs écrivains de sa génération (il est né en 1967) et cette tétralogie comme un summum de la littérature noire européenne ».

En piochant çà et là…

Alors, en picorant dans ces notules, car c’est à notre avis le meilleur moyen de découvrir des choses, ouvrir des pages au hasard, vagabonder de référence en référence, que trouvons-nous ?

Giorgio Scerbanenco : « On aurait tort de croire que leur lecture serait une démarche archéologique et n’aurait d’intérêt qu’au regard de l’histoire du polar italien ».
Et c’est vrai, loué soit le travail entrepris par Laurent Lombard et les éditions Rivages il y a quelques années pour remettre cet auteur majeur au goût du jour.

Le Ventre de New York :  « Il y a du Germinal dans cette œuvre de Kelly ». Thomas Kelly, trois livres publiés chez Rivages, celui-ci était le premier, le plus puissant, « une dénonciation des ravages du néolibéralisme des années Reagan ».

Santiago Gamboa, dont nous sommes d’ardents défenseurs depuis le premier livre : « Son œuvre mêle la poésie à une violence très rude et son ironie se révèle souvent une merveille d’acidité ».

Olivier Thiébaut : « Nous sommes quelques-uns à attendre avec impatience qu’il reprenne le collier ».
Constat partagé, alors en attendant, écumez les bouquinistes et lisez ou relisez L’Enfant de cœur ou Larmes de fond. Dans la série ça-serait-bien-qu’ils-s’y-remettent, il y a aussi Jack O’Connell dont Antoine Chainas écrit « Il y a des auteurs comme ça dont on se demande quelle malédiction, quelle aberration, les maintient dans l’ombre moelleuse – mais un peu désagréable en cas de contact prolongé – d’une certaine confidentialité ». On ne saurait mieux dire… Chainas à propos duquel Pierre Lemaitre dit très justement à propos de Pur « L’accident de son personnage Patrick Martin, dans les premières pages du livre, est un morceau d’anthologie ».

I Cursini, après une excellente (et drôle) analyse des flics écrivant des polars (« Je préfèrerai toujours un bon romancier qui manque d’exactitude à un bon flic qui écrit mal »), Pierre Lemaitre écrit : « je ne me suis pas enfui, et grand bien m’en a pris ».

On s’arrête là, on ne va pas tout citer. On ne sait pas quel sera l’effet de cet excellent Dictionnaire amoureux du polar sur vous, mais pour nous, c’est sûr, une envie folle de se replonger dans notre bibliothèque. Et continuer à parcourir ce dictionnaire où nous sommes surs de trouver une référence d’un livre inconnu, ou pas lu pour d’obscures raisons, et que nous irons acheter et lire – Pierre Lemaitre ferait un excellent libraire.

Pour aller plus loin

Le Dictionnaire amoureux du polar de Pierre Lemaitre est disponible chez Plon
Les romans de Pierre Lemaitre sont publiés chez Albin Michel

Dictionnaire amoureux du polar : l’art du partage - Milieu Hostile

Dictionnaire amoureux du polar : l’art du partage

Dictionnaire amoureux du polar - Pierre Lemaitre - Plon - Milieu Hostile

Dans son Dictionnaire amoureux du polar, paru chez Plon en 2020, Pierre Lemaitre partage son amour du genre. Une lecture passionnante et enrichissante.

Malgré son premier roman sorti en 2006, nous n’avons jamais eu la chance de rencontrer Pierre Lemaitre. C’est bien dommage, car à la lecture de son Dictionnaire amoureux du polar, on se dit que nous aurions de quoi échanger un bout de temps.

Des références à foisonDictionnaire amoureux du polar - Pierre Lemaitre - Plon - Milieu Hostile

En introduction, l’auteur pose les choses : « les amateurs de définitions maîtrisées, de monographies exhaustives, d’analyses, d’analyses thématiques, etc. seront déçus. […] Je parlerai donc ici en romancier et en lecteur. Il y aura des oublis impardonnables, des injustices criantes, des jugements contestables… ». C’est clair, c’est net, les choses sont posées, on peut avancer.

C’est un dictionnaire amoureux, on sent que l’auteur aime le polar et on constate qu’il est très fort pour nous faire partager ses goûts. C’est vif, plein d’entrain et jamais pontifiant, comme l’était Une brève histoire du roman noir de Jean-Bernard Pouy, que Pierre Lemaitre a lu, aimé et cité.

La différence essentielle est que ce dictionnaire fait plus de 800 pages, autant dire que c’est dense et que les références sont éclectiques, prouvant que le genre est très diversifié, comme le souligne l’écrivain. On y trouve des présentations d’auteurs, des livres spécifiques, des séries et des thématiques diverses et variées et on mesure l’admiration de Pierre Lemaitre pour ses collègues. Par exemple, à propos de David Peace : « Je considère David Peace comme un des meilleurs écrivains de sa génération (il est né en 1967) et cette tétralogie comme un summum de la littérature noire européenne ».

En piochant çà et là…

Alors, en picorant dans ces notules, car c’est à notre avis le meilleur moyen de découvrir des choses, ouvrir des pages au hasard, vagabonder de référence en référence, que trouvons-nous ?

Giorgio Scerbanenco : « On aurait tort de croire que leur lecture serait une démarche archéologique et n’aurait d’intérêt qu’au regard de l’histoire du polar italien ».
Et c’est vrai, loué soit le travail entrepris par Laurent Lombard et les éditions Rivages il y a quelques années pour remettre cet auteur majeur au goût du jour.

Le Ventre de New York :  « Il y a du Germinal dans cette œuvre de Kelly ». Thomas Kelly, trois livres publiés chez Rivages, celui-ci était le premier, le plus puissant, « une dénonciation des ravages du néolibéralisme des années Reagan ».

Santiago Gamboa, dont nous sommes d’ardents défenseurs depuis le premier livre : « Son œuvre mêle la poésie à une violence très rude et son ironie se révèle souvent une merveille d’acidité ».

Olivier Thiébaut : « Nous sommes quelques-uns à attendre avec impatience qu’il reprenne le collier ».
Constat partagé, alors en attendant, écumez les bouquinistes et lisez ou relisez L’Enfant de cœur ou Larmes de fond. Dans la série ça-serait-bien-qu’ils-s’y-remettent, il y a aussi Jack O’Connell dont Antoine Chainas écrit « Il y a des auteurs comme ça dont on se demande quelle malédiction, quelle aberration, les maintient dans l’ombre moelleuse – mais un peu désagréable en cas de contact prolongé – d’une certaine confidentialité ». On ne saurait mieux dire… Chainas à propos duquel Pierre Lemaitre dit très justement à propos de Pur « L’accident de son personnage Patrick Martin, dans les premières pages du livre, est un morceau d’anthologie ».

I Cursini, après une excellente (et drôle) analyse des flics écrivant des polars (« Je préfèrerai toujours un bon romancier qui manque d’exactitude à un bon flic qui écrit mal »), Pierre Lemaitre écrit : « je ne me suis pas enfui, et grand bien m’en a pris ».

On s’arrête là, on ne va pas tout citer. On ne sait pas quel sera l’effet de cet excellent Dictionnaire amoureux du polar sur vous, mais pour nous, c’est sûr, une envie folle de se replonger dans notre bibliothèque. Et continuer à parcourir ce dictionnaire où nous sommes surs de trouver une référence d’un livre inconnu, ou pas lu pour d’obscures raisons, et que nous irons acheter et lire – Pierre Lemaitre ferait un excellent libraire.

Pour aller plus loin

Le Dictionnaire amoureux du polar de Pierre Lemaitre est disponible chez Plon
Les romans de Pierre Lemaitre sont publiés chez Albin Michel