5 raisons de… Surf et polar

L’été nous a donné des envies de classements de polar traitant du surf.

Au départ, c’était un top 5 où les trois premières places auraient été squattées par Kem Nunn. Et en ex-æquo final Shangrila de Malcom Knox, qui n’est pas un polar, et Delicious de Mark Haskell Smith, qui ne parle pas de surf mais qui se passe à Hawaï (voyez le rapport au surf)… Finalement, nous avons (un peu) laissé de côté notre partialité et voici, dans le désordre, cinq titres surf et polar.

Surf City – Kem Nunn

A 18 ans, Ike Tucker n’est jamais sorti de son désert depuis son enfance, ni même quitté la station Texaco de son oncle. C’est la disparition de sa sœur, Ellen, qui va l’amener à débarquer sur les plages de Californie. Ellen, « douée pour tout sauf pour éviter les emmerdes » a fui la station il y a déjà deux ans, ne donnant plus de nouvelles. Pas très grand, maigrichon, pas à l’aise dans sa peau et complètement largué loin de chez lui, Ike n’a vraiment rien de l’enquêteur… et les gens à qui il va se frotter ne sont pas des tendres…
C’était le premier Kem Nunn, on attendait des surfeurs huilés et souriants, il n’en fut rien, l’auteur commençait son exploration du côté obscur de la vague. Si vous ne connaissez pas Kem Nunn, il faut commencer par celui-ci, et les deux autres sont encore meilleurs. Pour dire…

Kem Nunn - Le Sabot du diable - Surf et polar - Milieu Hostile

La Patrouille de l’aube – Don Winslow

Une construction subtile avec des très courts chapitres pour commencer et mettre en place tous les personnages et l’intrigue, puis un récit très ample et le retour aux très courts chapitres pour rythmer la fin. Les personnages (la patrouille de l’aube, mais pas qu’eux) sont très bien travaillés. Et Don Winslow rend parfaitement l’ambiance de San Diego, des années 50 à aujourd’hui. En interview il nous expliquait que ce n’était plus le sommet de coolitude que cela avait pu être – mais on a quand même sacrément envie d’y vivre.
Le livre est impressionnant, foncez.

Parce que les surfeurs aimaient les histoires. Les grosses vagues et les hors-la-loi. Les excentriques qui avaient réussi, d’une manière quelconque, à vaincre le système, à rester au contact de la vie, alors que d’autres s’installaient à l’intérieur des terres et payaient des impôts.

Kem Nunn, Le Sabot du Diable, Folio/policier (trad. Jean Esch), 2011

Le Sabot du Diable – Kem Nunn

C’est l’archétype du roman noir réussi. Même si l’auteur nous emmène à la recherche de la vague mythique, on est loin des clichés du surf. On y croise des héros tourmentés, des personnages au bout du rouleau et on plonge dans conditions de vie difficiles des indiens parqués dans les réserves. L’écriture est somptueuse, la traque finale peu ordinaire, il n’y a pas une ligne de trop en 400 pages… Tout y est, c’est magistral.

Le Prix de mon père – Willy Uribe

Pour savoir tout le bien de ce roman, le mieux est d’en lire l’excellente préface “Un Jim Thompson de Bilbao, et surfeur” qu’a écrite spécialement pour l’édition française le non moins excellent Carlos Salem. Uribe nous offre un roman bien noir, sec et dense qui explore Bilbao. Aucun des personnages n’est sympathique. L’histoire, retorse à souhait, ne manque pas de rebondissements, le tout sur un faux rythme et une exploration du temps passé à ne rien faire. C’est une réussite et comme le dit si bien Salem « qui lit un roman d’Uribe en réclamera un autre ».

Le Prix de mon père - Willy Uribe - Surf et Polar - Milieu Hostile

Tijuana Straits – Kem Nunn

Un livre âpre, noir et dense qui explore de façon subtile les rapports Amérique/Mexique, l’exploitation des uns par les autres. L’auteur cartographie une vallée délaissée, ses pistes improbables, ses fermes aux habitants plus étranges les uns que les autres, ses sentiers clandestins (la cavalcade finale, avec un cheval dans un marais, est homérique), sa malfaisance et le Tijuana aux eaux fétides. Il y est bien évidemment question d’océan et de vagues mythiques. Grand et puissant, tout simplement.

La vague est comme le roman policier – il se passe quelque chose d’excitant, de beau et de cinétique en surface, mais il se passe également quelque chose en-dessous, qui explique et motive l’action. Chaque vague est un mystère, et un thriller.

Don Winslow

Pour aller plus loin

Kem Nunn chez Folio/policier et 10/18
Don Winslow chez ses éditeurs : Le Masque, HarperCollins et Le Livre de poche
Les deux titres surf de Willy Uribe chez Rivages
Et quand même, Mark Haskell Smith et le génial livre de Malcolm Knox, Shangrila chez Asphalte

5 raisons de… Surf et polar - Milieu Hostile

5 raisons de… Surf et polar

L’été nous a donné des envies de classements de polar traitant du surf.

Au départ, c’était un top 5 où les trois premières places auraient été squattées par Kem Nunn. Et en ex-æquo final Shangrila de Malcom Knox, qui n’est pas un polar, et Delicious de Mark Haskell Smith, qui ne parle pas de surf mais qui se passe à Hawaï (voyez le rapport au surf)… Finalement, nous avons (un peu) laissé de côté notre partialité et voici, dans le désordre, cinq titres surf et polar.

Surf City – Kem Nunn

A 18 ans, Ike Tucker n’est jamais sorti de son désert depuis son enfance, ni même quitté la station Texaco de son oncle. C’est la disparition de sa sœur, Ellen, qui va l’amener à débarquer sur les plages de Californie. Ellen, « douée pour tout sauf pour éviter les emmerdes » a fui la station il y a déjà deux ans, ne donnant plus de nouvelles. Pas très grand, maigrichon, pas à l’aise dans sa peau et complètement largué loin de chez lui, Ike n’a vraiment rien de l’enquêteur… et les gens à qui il va se frotter ne sont pas des tendres…
C’était le premier Kem Nunn, on attendait des surfeurs huilés et souriants, il n’en fut rien, l’auteur commençait son exploration du côté obscur de la vague. Si vous ne connaissez pas Kem Nunn, il faut commencer par celui-ci, et les deux autres sont encore meilleurs. Pour dire…

Kem Nunn - Le Sabot du diable - Surf et polar - Milieu Hostile

La Patrouille de l’aube – Don Winslow

Une construction subtile avec des très courts chapitres pour commencer et mettre en place tous les personnages et l’intrigue, puis un récit très ample et le retour aux très courts chapitres pour rythmer la fin. Les personnages (la patrouille de l’aube, mais pas qu’eux) sont très bien travaillés. Et Don Winslow rend parfaitement l’ambiance de San Diego, des années 50 à aujourd’hui. En interview il nous expliquait que ce n’était plus le sommet de coolitude que cela avait pu être – mais on a quand même sacrément envie d’y vivre.
Le livre est impressionnant, foncez.

Parce que les surfeurs aimaient les histoires. Les grosses vagues et les hors-la-loi. Les excentriques qui avaient réussi, d’une manière quelconque, à vaincre le système, à rester au contact de la vie, alors que d’autres s’installaient à l’intérieur des terres et payaient des impôts.

Kem Nunn, Le Sabot du Diable, Folio/policier (trad. Jean Esch), 2011

Le Sabot du Diable – Kem Nunn

C’est l’archétype du roman noir réussi. Même si l’auteur nous emmène à la recherche de la vague mythique, on est loin des clichés du surf. On y croise des héros tourmentés, des personnages au bout du rouleau et on plonge dans conditions de vie difficiles des indiens parqués dans les réserves. L’écriture est somptueuse, la traque finale peu ordinaire, il n’y a pas une ligne de trop en 400 pages… Tout y est, c’est magistral.

Le Prix de mon père – Willy Uribe

Pour savoir tout le bien de ce roman, le mieux est d’en lire l’excellente préface “Un Jim Thompson de Bilbao, et surfeur” qu’a écrite spécialement pour l’édition française le non moins excellent Carlos Salem. Uribe nous offre un roman bien noir, sec et dense qui explore Bilbao. Aucun des personnages n’est sympathique. L’histoire, retorse à souhait, ne manque pas de rebondissements, le tout sur un faux rythme et une exploration du temps passé à ne rien faire. C’est une réussite et comme le dit si bien Salem « qui lit un roman d’Uribe en réclamera un autre ».

Le Prix de mon père - Willy Uribe - Surf et Polar - Milieu Hostile

Tijuana Straits – Kem Nunn

Un livre âpre, noir et dense qui explore de façon subtile les rapports Amérique/Mexique, l’exploitation des uns par les autres. L’auteur cartographie une vallée délaissée, ses pistes improbables, ses fermes aux habitants plus étranges les uns que les autres, ses sentiers clandestins (la cavalcade finale, avec un cheval dans un marais, est homérique), sa malfaisance et le Tijuana aux eaux fétides. Il y est bien évidemment question d’océan et de vagues mythiques. Grand et puissant, tout simplement.

La vague est comme le roman policier – il se passe quelque chose d’excitant, de beau et de cinétique en surface, mais il se passe également quelque chose en-dessous, qui explique et motive l’action. Chaque vague est un mystère, et un thriller.

Don Winslow

Pour aller plus loin

Kem Nunn chez Folio/policier et 10/18
Don Winslow chez ses éditeurs : Le Masque, HarperCollins et Le Livre de poche
Les deux titres surf de Willy Uribe chez Rivages
Et quand même, Mark Haskell Smith et le génial livre de Malcolm Knox, Shangrila chez Asphalte